Page:Faguet - Le Libéralisme.djvu/37

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l’avoir posée sur cette conception des droits de l’homme antérieurs à tout contrat, sur cette conception des droits divins de l’homme, les rédacteurs des Déclarations allaient au hasard et traçaient une liste des droits de l’homme parfaitement arbitraire, parce qu’elle ne pouvait pas être autre. Plus tard on le vit bien, quand aux droits de 1789-1793 s’ajoutèrent d’autres droits, au gré des désirs et des vœux du moment. On eut en 1848 le « droit au travail » et le « droit à l’assistance ». C’étaient des droits inventés pour les besoins de la cause, comme les précédents. L’homme a droit au travail, s’il y a du travail ; et il n’a pas droit à l’assistance. L’assistance est un devoir de charité, par conséquent qui n’est pas corrélatif d’un droit. Vous avez un quasi-droit à l’assistance et je suis prêt à vous le reconnaître, si vous avez rendu des services à la société. Il y a là le « quasi-contrat » dont a parlé très ingénieusement M. Léon Bourgeois dans son livre sur la Solidarité. Mais si vous n’avez que gagné votre vie, comme moi, et si vous êtes dans le besoin, quel droit avez-vous acquis ? Moi, ou la société, même, devons vous venir en aide, par devoir de charité ; par devoir correspondant à un droit, non. A quel titre êtes-vous créancier ? C’était donc encore là un de ces droits inventés et imaginaires, comme du reste ils le sont tous.

Les droits de l’homme sont des désirs que l’homme a, qu’il prend pour des droits comme on