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SIMPLIFICATION SIMPLE

car le mot latin est bien syrupus), noircissure au lieu de noircisseure (comme la Commission de simplification nous propose d’écrire gajure). Mais, en somme, l’édition de 1718 apporta peu de changements à l’orthographe française.

Le grand pas fut fait en 1740. Après des discussions très prolongées — elles durèrent quelque six mois — l’Académie, très partagée, pour se tirer d’affaire, s’en remit purement et simplement à son secrétaire perpétuel, M. Joseph Thoulier, abbé d’Olivet. Comme il disait lui-même, elle le créa « plénipotentiaire », ce dont il se serait passé très bien, à ce qu’il dit aussi. Il était réformiste. Il était simplificateur. Il réforma, selon le compte approximatif d’Ambroise-Firmin Didot, près de cinq mille mots. C’est depuis ce temps que l’on écrit accroître et non accroistre, avocat et non advocat, albâtre et non albastre, apôtre et non apostre, âpre et non aspre, toujours et non tousjours, bâtard et non bastard ; bêtise et non bestise, chrétien et non chrestien, château et non chasteau ; ceci, celui-ci, etc., et non cecy, celui-cy ; toi, moi et non toy, moy ; gai et non gay ; joie et non joye, abyme et non abysme, école et non escole, bienfaiteur et non bienfaicteur

Etc., etc. ; puisqu’il y en a près de cinq mille.