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LE MAHA-BHARATA.

Ensuite Arjouna, chéri de la Fortune, ayant tiré l’arc vigoureux, blessa de flèches acérées Karna, le fils du Soleil, au moment où il fondait sur lui. 7094.

L’esprit égaré par la fougue de ces flèches aiguës à la brûlante splendeur, Râdhéya s’efforçait en vain de se précipiter sur lui. 7095.

Ces deux héros en courroux, desquels on n’aurait su définir la vitesse, les plus vaillants des hommes accoutumés à vaincre, combattaient avec une mutuelle envie de remporter l’un sur l’autre la victoire. 7096.

« Vois comme la riposte suit le coup ! Vois la force de mon bras ! » Ils s’adressaient tour à tour ces héroïques paroles. 7097.

Quand il eut éprouvé qu’Arjouna avait une force de bras incomparable sur la terre, Karna, le fils du Soleil, n’en combattit qu’avec plus de colère. 7098.

Alors qu’il eut enfin repoussé les flèches impétueuses d’Arjouna, il se mit à pousser un vaste cri, et les armées d’applaudir. 7099.

« Je suis content, brahme éminent, lui dit Karna, de cette force de ton bras dans le combat et de cette intrépide victoire de tes flèches et de tes dards ! 7100.

» Es-tu le Dhanour-Véda incarné, ou bien Râma, ô la plus excellent des brahmes ? Es-tu le Dieu aux coursiers verts, ou une manifestation de l’éternel Vishnou,

» Qui emprunte la force de ton bras pour se cacher et qui me combat, je pense, revêtu de tes formes ? 7101-7102.

» Certes ! aucun mortel n’est capable d’affronter ma colère dans une bataille, si ce n’est l’époux de Çatchî fait homme ou Kirîti, le fils de Pândou ! » 7103.

Au guerrier, qui parlait ainsi, Phâlgouna répondit