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— C’est que, voyez-vous, capitaine, tout dans Beaumont a été brûlé et mis à sac par les « Rangers » du misérable Goreham : aujourd’hui, il ne reste plus rien à ma vieille mère qui travaille maintenant à la journée chez des habitants. À son âge, c’est dur, capitaine ! Elle a soixante ans passés, et toute cette misère m’a forcé de partir pour courir ma chance et essayer de lui venir en aide en montant dans les bois.

— Tu fais bien, mon garçon, et ce ne sera pas moi qui t’en blâmerai ; je connais le commandement : « Père et mère tu honoreras afin de vivre longuement. »

— Oui, oui, je le connais, moi aussi, et je trouve que c’est beau comme commandement, mais comme promesse, ça ne vaut pas grand’chose, car en somme la vie n’est pas drôle…… Avez-vous des chemises de flanelle à vendre, capitaine ?

— Certainement, Martial, et des plus belles encore ; comment t’en faut-il ?

— Oh ! pas celles-là, M. Fraser, elles sont