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coup d’État du 2 Décembre 1851 renforça la répression en matière de délit de presse ; l’imprimeur partageait la responsabilité avec le gérant pour les journaux sortis de ses presses et son brevet lui était retiré par simple mesure administrative. Le décret du 10 décembre 1870 rendit la profession libre en supprimant le brevet pour les imprimeurs et les libraires, mais obligea ceux-ci, toutefois, à une déclaration préalable, avant toute publication, au ministère de l’Intérieur.

La loi du 29 juillet 1881 sur la presse a proclamé la liberté presque complète de l’imprimerie en abrogeant toutes les lois antérieures ; elle exige cependant que tout imprimé, à l’exception des travaux de ville dits « bilboquets », porte le nom et le domicile de l’imprimeur, sous peine d’amende et, en cas de récidive immédiate, de prison. De plus il doit être fait, au moment de la publication de tout imprimé, sauf pour les catégories précitées, un dépôt de deux exemplaires destinés aux collections nationales. Ce dépôt a lieu, pour Paris, au ministère de l’Intérieur et, pour les départements, à la préfecture on à la mairie. La loi du 19 mai 1925 sur le dépôt légal a apporté quelques modifications à cet état de choses. L’imprimeur n’est plus tenu qu’au dépôt — toujours aux mêmes bureaux administratifs – d’un seul exemplaire, mais doit faire accompagner ce dépôt d’une déclaration faite en double. De même, l’éditeur ou le client doit à son tour déposer un exemplaire avec une double déclaration à la Régie du dépôt légal à la Bibliothèque Nationale.

Le dépôt a lieu « dès l’achèvement du tirage ». Toutefois, pour les affiches, il doit être immédiat. Pour les écrits périodiques, il doit être fait, avant publication, une déclaration de gérance sur papier timbré, au procureur de la République du lieu d’impression ; chaque numéro publié devra porter le nom du gérant. Un dépôt de deux exemplaires signés du gérant devra être fait à chaque publication au procureur de la République. Sous peine d’amende pour le gérant pareil dépôt sera fait, pour Paris, au ministère de l’Intérieur, pour les départements à la préfecture, sous-préfecture ou mairie.


IMPROVISER verbe (préfixe in et du latin provisus, prévu). Faire quelque chose séance tenante et sans préparation. C’est la marque des esprits faibles, paresseux ou superficiels que d’improviser en toute occasion. C’est aussi, hélas, le signe de notre époque.

Nous avons vu des hommes d’État qui, pris de court par une guerre terminée avant leurs calculs, ont improvisé une paix qui demeure, en l’espèce du traité de Versailles, un document monstrueux d’inconséquences et de possibilités de guerres futures. Nous avons assisté, après la débâcle financière française de 1925, au spectacle d’hommes reconnus pour leur compétence obligés d’improviser toutes sortes de systèmes, aussi inopérants les uns que les autres, pour solutionner un problème délicat entre tous.

L’improvisation, en quelque circonstance qu’elle se produise, est toujours quelque chose de bâclé et d’incomplet. Combien de parlementaires réputés bons orateurs, ont improvisé des discours merveilleux à la lecture, dont leurs discours n’auraient donné qu’une piètre opinion de leur talent s’ils n’avaient pas eu la possibilité de les retoucher avant de les donner à imprimer. Il suffit d’assister à tous les essais de chanson improvisée et de voir les affreux résultats obtenus, pour se rendre compte des méfaits de l’improvisation.

C’est surtout auprès des militants révolutionnaires que nous insistons sur le danger d’improviser. Vouloir, dans une conférence, voire même dans une simple causerie, traiter un sujet sans avoir minutieusement préparé ce que l’on va dire, sans avoir prévu et soupesé toutes les objections qui pourraient être présentées, improviser le discours, la conférence ou la causerie, cela donne de pitoyables résultats. Combien de fois des

camarades, doués de la parole, auraient pu donner un bon exposé et ne traitèrent la question que d’une façon incompréhensible ou incohérente, parce qu’au lieu d’aborder un sujet étudié en un discours ordonné, préparé, ils avaient improvisé ! N’improvisons jamais. Que nos actes, comme nos paroles, soient le produit de la méditation et de l’expérience.

Lors de la révolution sociale, au moment de la période de reconstruction, nous n’improviserons pas. La réorganisation de la société sera faite d’après les études, les constatations et les prévisions de toute une génération qui se penche sur les problèmes du devenir. Ce sera l’expérience du passé et les matériaux dressés pendant le présent qui serviront au milieu social futur. Travaillons ferme, dès aujourd’hui ; étudions les graves problèmes économiques et sociaux pour que nous ne soyons pas obligés d’improviser. L’imprévu aura, certes, sa part, mais faisons-la lui la moins grande possible.


IMPUDENCE n. f. (préfixe in, et latin pudere, avoir honte). Effronterie sans pudeur. Action ou parole impudente. Les personnages qui représentent le mieux le type de l’impudent sont les prêtres et les politiciens. Ces gens-là, en effet, mentent avec un cynisme, une effronterie que rien ne peut égaler. Les prendre en flagrant délit de mensonge ne peut même pas avoir pour effet de faire naître en eux de la confusion. Leur impudence est telle qu’ils nient jusqu’à l’évidence, qu’ils nient jusqu’aux faits archi-prouvés.

L’impudence du « bon patron », du philanthrope qui plaint la pauvre classe ouvrière tout en l’exploitant durement, l’impudence de ces républicains qui emprisonnent les révolutionnaires au nom de la liberté ; l’impudence du Grand Quartier Général et du Gouvernement pendant la dernière guerre quand, par exemple, ils appelaient une défaite un repli stratégique, quand ils niaient le nombre effroyable des morts, quand ils parlaient de la « liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes » alors que, par des traités secrets, ils avaient déjà réglé le sort de ces peuples ; l’impudence des prélats français qui avaient tronqué du catéchisme le commandement : « Tu ne tueras point ! » ; l’impudence des diplomates et des journalistes à leur solde qui trompaient, avec de faux documents, le peuple sur les responsabilités de la guerre ; l’impudence des politiciens qui criaient contre les expéditions d’avions allemands sur Paris alors qu’ils toléraient que les avions français allassent bombarder les villes allemandes ; l’impudence des journaux qui racontaient (sachant qu’ils mentaient) l’histoire des enfants aux mains coupées ; l’impudence des bolchevicks qui niaient l’emprisonnement des révolutionnaires pour faits purement de propagande, alors que l’on publiait des noms et des lieux, tous ces faits sont patents de l’impudence des prêtres et des politiciens de tout acabit.

Leur impudence leur assure encore le pouvoir ou les faveurs populaires. Allons, toutes les fois qu’il nous est loisible de le faire, démasquer ces impudents. Leur effronterie seule leur permet de dominer ; la colère de ceux qu’ils ont trompés et qu’ils trompent encore sera grande le jour où les pauvres dupes s’apercevront de toute l’ignominie des impudents ; la révolution les mettra hors d’état de continuer leurs exploits. Nous ne garantissons pas, par exemple, que certains ne paient très cher leur impudence.


IMPULSIF adj. Qui donne ou produit l’impulsion (par exemple : la force impulsive de la poudre). Qui agit sans réflexion, en cédant aux impressions du moment. On appelle, en général, impulsif, celui qui est coléreux, qui s’énerve pour un rien, qui se fâche dès que quelque chose le contrarie, qui, dans la discussion, usera de violence en place d’arguments. Le contraire de l’être