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C’est principalement dans les noms de lieux que l’on peut retrouver des vestiges certains des idiomes parlés chez nous. Dans les localités situées sur le bord des rivières, ou dans des endroits écartés, le wallon domine : le latin s’aperçoit, mais faiblement, dans les hameaux rapprochés des routes romaines ; le germain, dans les endroits le mieux fortifiés, et en terminant le nom par la syllabe ter qui signifie habitation. D’autres noms sont d’une époque plus récente, du temps où l’on fortifiait les hauteurs, comme Franchimont, Montfort, Aigremont, Chèvremont. Nous ignorons de quelle époque date la terminaison wallonne eie, qui s’unissait toujours au nom du propriétaire ou de l’objet : il signifie habitation ou rue : Geraidreie ; Féronstreie ; Joupeie ; Hermeie, etc.

Comme nous le disions tantôt, le wallon est essentiellement gaulois d’origine, et il est incontestable que les habitants de Liége ont continué à faire usage de cet idiome. Aucun document de ces époques reculées n’est

    dues racines celtiques pour décomposer des mots, est propre à faire commettre beaucoup d’erreurs. Par exemple, pour ne pas parler d’autres localités, nous avons à chercher l’étymologie de Amercœur, en latin Amerina Cortis ou Curia, Bullet, dans ses Mémoires sur la langue Celtique, t. I, p. 243, dit qu’il est composé de Amen, rivière, et Court, village. Au premier abord cette explication plaît ; elle semble fort naturelle ; mais c’est une mauvaise leçon. Amercœur, en négligeant les étymologies invraisemblables de nos chroniqueurs, vient de la Cour d’Amauri (Amalrici cortis), comme le disait Paquot, dans ses notes sur l’Hist. du comté de Namur de De Marne, t. I, p. 264. — Le même Bullet, à qui nous ne dénions ni une grande science ni une grande pénétration, fait venir Liége de Leod, partage, et Io, rivière, parce que la Meuse se partage dans ces contrées en deux branches ; ou de Lag, confluent, parce que vers cette ville l’Ourthe se jette dans la Meuse.