Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/100

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nous leur devons la civilisation… C’est pourquoi je veux rendre hommage à Gontran Solvit, noble talent, continuateur de notre patrimoine artistique… Il a habité Rome, a été reçu par le Saint-Père…

— Serait-ce vrai ?

— N’en doutez point ! Ce sera un plaisir de causer avec lui et vous serez férue de son personnage, ma sœur, avant qu’il soit longtemps.

— Un homme ne saurait compter à mes yeux, un petit-neveu même me serait antipathique.

Armelle pencha le front, le rire arrêté sur ses lèvres.

Soudain revenait en sa mémoire la promesse qu’elle avait faite à sa tante, et quand on s’appelle de Saint-Armel, on tient sa parole.

La fin de la conversation lui parvint assourdie parce qu’elle était hantée par ses pensées.

Le lendemain, le jour se leva radieux.

Armelle en éprouva une joie : ce serait la promenade, l’imprévu.

M.  de Saint-Armel déclara qu’il accompagnerait ces dames au parc afin de leur présenter ce peintre.

Dans sa malice, il ne les avait pas averties que cet artiste était l’homme mordu. Il préférait assister au choc de la rencontre.

Mlle  de Saint-Armel aînée ne semblait pas d’humeur aimable. Elle accusait ses vapeurs, ce qui divertissait fort son frère.

— Ma sœur, le temps est fascinateur… Je croie qu’il est propice à une séance de peinture…

— Que vous êtes avance d’idées, mon frère ! inviter une personne que vous ne connaissez pas me parait le comble de l’imprudence ! Ce noble