Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/107

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— Mais je croyais que cet incident était arrivé à un artiste de cinéma ?

— Armelle l’a cru jusqu’alors, ainsi que ses amies, dit le marquis.

— Ce ne sont pas ses amies, interrompit vivement la bonne demoiselle, mais des jeunes filles que j’ai choisies pour distraire ma nièce…

Gontran Solvit entrevoyait le caractère pointilleux de celle qui lui parlait. Il affecta de ne pas remarquer les flèches qui le visaient et il répondit gaîment :

— Ces demoiselles m’ont pris pour Émile Gatolat, un grand artiste d’ailleurs, et je n’ai pu les détromper tout de suite, ne voulant pas révéler mon identité. Quand on est peintre, surtout dans ma situation un peu spéciale à qui l’on reconnaît un certain… une certaine…

M.  de Saint-Armel devina l’embarras du jeune homme à vanter les titres qu’il avait mérités, et il acheva pour lui :

— Une belle notoriété value par vos prix de Rome et quelques portraits bien venus vous posent en vedette et en butte aux sollicitations…

— Merci, monsieur, de m’avoir aidé… c’est ce que je voulais exprimer sans trahir ma modestie, dit le jeune homme en riant… J’ai prévenu M.  de Saint-Armel de ces détails et il m’a promis le silence temporairement, acheva Gontran en s’adressant à Mlle  de Saint-Armel.

— Ainsi vous êtes celui qui a été mordu par Agal, répéta lentement la chère demoiselle.

— Cela n’a pas été grave… Je n’en ai même plus la trace…

« Excepté dans son cœur », pensa le marquis un peu nerveux. Il jugeait le