Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/132

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peintre n’était pas Émile Gatolat, Elle avait eu l’air de se méfier d’elles et de passer à leurs yeux pour une personne peu franche et cela lui était insupportable.

Seul, M.  de Saint-Armel était à l’aise, il entretenait le feu de la conversation et forçait de sourire.

Peu à peu, Louise et Roberte reprirent leur aplomb et bientôt l’animation devint générale.

Armelle, elle-même, redevenait observatrice et elle ne reconnaissait plus sa victime de la veille. Elle avait vu un homme abattu par le désespoir et elle le découvrait gai et plein d’entrain. Aussi bonne qu’était Armelle, elle ne pouvait s’empêcher d’être surprise de cette joie qu’elle ne provoquait pas. Ignorante quelques jours auparavant de ces sentiments, elle commençait à acquérir toute la science qui pivote autour de l’amour.

Louise s’exclama soudain :

— Il faut partir, mes amies.

— Cueillons vite des fleurs, proposa Armelle.

Elles firent toutes les quatre une ample moisson. Dans cette activité, Armelle reprit sa nature gracieuse et les trois jeunes filles eurent des gerbes que leur envièrent les fleuristes de la ville.

Elles tinrent à s’en aller sans tarder et elles s’enfuirent sans dire adieu a M.  de Saint-Armel, ni au peintre.

— Non… non… votre oncle cause avec M.  Gontran Solvit… Ne les dérangez pas… vous nous excuserez auprès d’eux.

Armelle n’osa pas insister et elle revint seule près des deux causeurs.

Ses amies, sur la route du retour, ne se privèrent pas de parler d’elle et ce fut Cécile qui ouvrit le feu :