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— Cécile est jolie, n’est-ce pas ? C’est la brune.

— Très jolie ! prononça laconiquement le jeune homme en posant un paquet de couleur au premier plan de son tableau. Louise Darleul nota, non sans plaisir, que le nom et le visage de Cécile paraissaient fort indifférents à l’inconnu. Elle en eut une certaine satisfaction, et elle allait continuer la conversation, quand la porte s’ouvrit devant Roberte.

La surprise et l’embarras de Louise furent considérables, mais ce ne serait pas la peine de passer pour une mondaine accomplie, si on ne savait pas dissimuler ses plus pénibles impressions.

— Vous avez pu vous rendre libre ? demanda-t-elle gracieusement à son amie.

— Oui.

Le coup d’œil qu’elle lança à la questionneuse n’eut d’égal que celui qu’elle en reçut. Elles étaient toutes les deux coupables. Ce petit duel n’empêchait pas les sourires.

Roberte s’assit. Elle déplorait de n’avoir pu être seule pour causer librement avec le peintre.

Alors qu’un silence quelque peu réfrigérant régnait dans la salle, Cécile Roudaine, nonchalamment, s’encadra dans la porte.

Elle eut un léger cri d’étonnement en apercevant ses amies et s’élança vers elles en disant :

— Je suis heureuse de vous trouver !

C’était elle qui masquait le mieux son ennui de surprendre celles qu’elle ne croyait pas là.

Elle avait laissé son bagage chez le concierge, estimant qu’il serait toujours temps de s’en munir si la salle était,