Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/88

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et juste à ce moment passait ce monsieur. Agal a bondi et lui a attrapé la main dont il a mordu le pouce.

— Et tu ne m’as rien dit !

Armelle baissa le front comme une coupable. Mlle  de Saint-Armel aînée était dans une agitation qui la jetait hors de soi-même.

Sa nièce lui avait dissimulé un détail de son existence ! Que cachait cette omission ?

Elle reprit assez durement

— Quand Agal a eu commis cette inconvenance, qu’as-tu dit ?

— Pas un mot. répliqua froidement Armelle. J’ai pensé que c’était un homme, un de ceux qui vous avaient fait pleurer et j’ai jugé que c’était fort bien ainsi. J’ai jeté un regard à ce monsieur, un regard où j’avais concentré toute ma fierté et tout mon dédain.

— Ah ! mon Armelle !

La tante, rassérénée, serra sa nièce sur son cœur et lui dit :

— C’est la première fois, depuis longtemps, que j’éprouve une vraie satisfaction. J’ai bien attendu… bien patienté. Ah ! que j’ai souffert.

— Ma bonne tante, murmura Armelle.

Mlle  de Saint-Armel aînée se plongea dans ses souvenirs.

La jeune fille respecta cette méditation. Ses propres pensées étalent assez absorbantes pour qu’elle y découvrit un aliment.

Elle songeait qu’elle aimerait revoir Émile Gatolat, non par joie, se persuadait-elle, mais pour lui affirmer son antipathie.

Elle était ravie d’avoir pressenti en cet artiste un sentiment d’élection et un âpre désir lui venait d’exciter ce sentiment.