Page:Fiel - Armelle devant son vainqueur, paru dans l'Ouest-Éclair du 3 septembre au 10 octobre 1937.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres ! je ne voudrais pas que les Radusel, les Gournalle, les Rollicourt se levassent indignés, dans leurs tombeaux en vous entendant…

M.  de Saint-Armel rit joyeusement et l’on ne savait au juste pourquoi cette gaîté.

Armelle écoutait avec de grands yeux étonnés. Un homme encore allait entrer dans son existence, car elle ne comptait pas les domestiquer les jardiniers et les fournisseurs.

Un homme, c’était ce charmant Émile Gatolat, et sans doute ce peintre. né subitement dans la vie de son grand-oncle.

— Oui, nous avons été peut-être des pirates jusqu’au moment où un roi débonnaire nous a anoblis pour des exploits qui l’ont enrichi ou sauvé. On aimait la manière violente au temps de nos aïeux !

— Vous dites des choses pénibles, mon frère.

— Comme vous êtes partiale, ma sœur. Vous voudriez absolument que nos ancêtres aient été des anges, comme notre Armelle, mais ils étaient des guerriers toujours bottés, dans des salles voûtées et enfumées… Ils ne se rasaient pas et ils étaient velus et malpropres.

— Par pitié ! implora Mlle  de Saint-Armel aînée.

Armelle riait. Elle devenait belliqueuse et elle oubliait le peintre.

— Il ne fallait pas qu’on les ennuyât ! Leurs rires étalent sans finesse et s’ils ont conquis la particule, c’était beaucoup plus par leur force que par leur esprit… Nous nous sommes assagis, une fois les conquêtes faites… Le château construit et meublé, que reste-t-il à faire à un homme ? Cultiver son intelligence… Les arts sont venus et