Page:Fiel - Le Sacrifice et l'Amour, paru dans l'Écho de Paris du 3 février au 7 mars 1934.djvu/40

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j’ai parfois un tel éblouissement de félicité que je puis abandonner mon rêve, et il m’empoigne avec tant de violence que mon cerveau est submergé par mon cœur… Comment vais-je reprendre mes études ?

L’angoisse de Bertranne était sincère, mais elle paraissait assez puérile à son amie, qui ne concevait pas qu’un sursaut de volonté ne remît point toutes choses dans l’ordre voulu.

— Tu vois comme ce serait bon. reprit Bertranne, de flâner dans ce printemps, d’attendre tranquillement les beaux soirs, d’être l’égale de cette nature où tout s’épanouit à son heure… Et dire qu’il existe des femmes qui ont cette joie ! Sais-tu que je ne pourrai plus voir une créature humaine sans la jalouser ? Je deviens méchante…

À Paris, les deux amies se perdirent de nouveau de vue. Bertranne reprit ses cours et Christiane organisa tout son programme d’œuvres, de visites de charité et de conférences.

Si elle voyait souvent Mme Fodeur qui la patronnait, elle ne rencontrait que rarement sa fille, qu’elle laissait toute à son travail. Elle avait de ses nouvelles et savait que l’étudiante pâlissait sur ses livres en vue d’un examen de fin d’année.

Mme Gendel, de son côté, ne remarquait pas sans étonnement le chemin que suivait sa fille. Elle ne