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ÉPREUVES MATERNELLES

V


Denise ne dormit pas de la nuit. Elle ne pouvait concevoir une si atroce méchanceté et elle se demandait aussi ce qu’elle deviendrait si son mari persistait à garder la cousine Zode dans leur intérieur.

L’aube la trouva encore éveillée. Enfin vaincue par la fatigue, elle venait de fermer les yeux, quand elle se sentit secouée brutalement :

Elle murmura :

— Qu’est-ce donc ?

Elle souleva péniblement ses paupières. Son mari était devant elle.

Il dit rudement :

— Écoutez-moi…

— Oh ! Paul, ne pouviez-vous pas me laisser dormir ?

— Vous n’avez pas besoin de dormir quand je suis réveillé.

Denise crut que son mari était devenu fou. Elle n’eut pas le loisir de s’appesantir sur cette pensée, car il poursuivit avec une parfaite lucidité :

— Voici ma décision.

Elle se haussa légèrement sur son coude sans plus parler. Elle s’étonnait de cette visite aussi brusque que matinale et se demandait où son mari voulait en venir.

— Je veux que vous sachiez que l’on ne se joue pas impunément de moi…

— Oh ! mon ami, je n’ai pas mérité tant de sévérité.

Mais Domanet ne parut pas s’apercevoir de cette supplication. Il continua :

— Vous rachèterez votre désobéissance.

Denise eut encore un mouvement pour protester, mais elle se tut en fermant les yeux, se sentant à bout de forces.

— Je vous prie de ne pas vous désintéresser de ce que je vous dis et de me regarder.