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Quand Alexandre vint chercher son père au moment du dîner pour l’amener au restaurant, il le trouva tournant entre ses doigts ce carré de papier qui l’intriguait fort. Il avait eu la délicatesse de ne pas le décacheter, bien qu’une voix mystérieuse lui assurât qu’il venait de Laure.

Alexandre le saisit, et d’un coup d’œil rapide prit connaissance de son contenu.

— Elle me demande père, je ne puis me dérober.

— Non, mais pourquoi ne m’appelle-t-elle pas ?

— Elle ignore que vous soyez venu.

— C’est exact, je n’y pensais pas.

Le dîner fut pris rapidement, Alexandre brûlait de savoir. Il ne s’était pas attendu d’être rappelé, pas toutefois tant que Marie Lavoise serait là. Peut-être était-elle partie ?…

Son père supplia :

— Tu passeras me donner des nouvelles avant de retourner à ton travail.

— Certainement, père.

Il y avait entre les deux hommes une gêne qu’ils ne pouvaient arriver à dissiper. Alexandre souffrait de ne plus ressentir pour son père l’admiration sans borne qu’il lui avait voué. Il l’aimait toujours, il admirait ses qualités qu’il avait su apprécier, mais il y avait une ombre jeté sur ce tableau jadis parfait, c’était la conduite de son père à l’égard de cette femme, la mère de Laure. Le père lui, savait que son fils avait jugé sa conduite dans son cœur et qu’il ne pouvait lui donner raison.