Page:Flaubert - Par les champs et par les grèves.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il y a un grand puits roman dont le dedans est tout tapissé d’herbes ; personne n’y puise plus de l’eau, les plantes poussent au fond dans la source à moitié comblée. La ville est entourée d’un réseau de murs, romains par la base, gothiques par la tête ; on les répare, on les soutient du moins. Les portes aux mâchicoulis sont encore debout, mais je n’y ai trouvé ni soldat romain, ni archer latin, disparus également sous l’herbe des fossés. Si on regarde du côté de la campagne, tout est radieux et illuminé de soleil et flambe de vie. La vieille ville est là, assise sur la colline, et regarde les champs étendus à ses pieds depuis longtemps, comme un vieux terme dans un jardin.

L’église est gothique d’extérieur, romane à l’intérieur. Quand nous y sommes entrés, on moulait une vieille sculpture illisible où l’on ne voyait que confusément des cavaliers, une tour, un assaut. Qu’est maintenant devenu le déblaiement de la chapelle latérale ?

Dans la cathédrale de la ville neuve, chapelle très remarquable par deux statues, l’une de saint Benoist et l’autre de saint Jean.

C’était vendanges tout le long de la route jusqu’à Nîmes, aussi avons-nous vu des charrettes couvertes de baquets rougis ; partout on cueillait la vigne dans les champs.

Il était environ midi quand nous entrâmes à Narbonne. Le soleil dorait toute la campagne et la cathédrale se détachait sur l’azur du ciel, je n’avais pas l’idée de ce que c’était qu’un horizon.