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LITTÉRATURE ORALE

des crevettes et des coquillages. On lui avait dit souvent que cette grotte s’avançait jusque sous l’église ; qu’un coq, qu’on y avait lâché une fois, avait été entendu à quelques jours de là chantant sous l’église ; elle n’en avait voulu rien croire. Elle venait de s’assurer que le bruit public ne l’avait pas trompée.

Son premier mouvement fut de se jeter à genoux pour rendre grâce à Dieu de l’avoir délivrée et de lui avoir donné assez de force pour accomplir son évasion jusqu’au bout. Cette effusion du cœur lui rendit ses forces, elle répara quelque peu le désordre de ses vêtements. La mer était basse, elle n’eut pas de peine à gagner la vallée du Câtet, d’où elle se dirigea chez ses parents.

N’avait-elle rien laissé de son innocence derrière elle ? L’évènement prouve qu’elle ne s’absolvait pas. Elle raconta à ses parents qu’elle sortait de la caverne du Câtet. Mais ses souvenirs semblaient très confus. On supposa qu’elle avait roulé de la falaise à l’entrée de la grotte ; que là elle s’était évanouie, et était restée longtemps en cet état. Elle laissa tout croire, ne voulant ni compromettre le curé ni faire un mensonge.