Page:Fleury - Littérature orale de la Basse-Normandie.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
DE LA BASSE-NORMANDIE

barrière sans rien voir ; il avait déjà parcouru une partie de la cavée en pataugeant dans le ruisseau qui courait au milieu et il se croyait hors d’affaire, lorsqu’il entendit un bruit dans les arbres, comme si un objet tombait de branche en branche. Il s’était fait une éclaircie dans le ciel, cela le rassurait un peu. Il s’approcha tout en tremblant de ce qui venait de tomber. C’était un homme tout nu !

— Qu’est-ce que vous faites là, l’ami ?

— C’est toi, Pierre Hâtain ; ne me vends pas, je t’en prie, dit l’homme tout nu.

— Qu’est-ce que tu fais là, dans le haut de la nuit ? lui dit Hâtain, qui l’avait reconnu à la voix. Où sont tes hardes ?

— Je t’en prie, mon petit Pierre, ne dis à personne que tu m’as vu ici.

— Et pourquoi es-tu là ! Tu n’es pas venu pour bien faire, j’imagine ?

— Ni bien ni mal. Je t’assure. Mais jure-moi que tu ne parleras de cela à personne ?

— Jure-moi d’abord que tu n’avais aucune mauvaise intention en venant ici.

— Je te le jure.

— Soit, je ne te nommerai pas. Mais dis-moi