Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, I.djvu/388

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famille a été au désespoir de ne vous avoir pas vue venir avec moi. Je leur ai fait comprendre que ç’a été pour vous chose impossible, vu la crainte où vous étiez d’attraper ici les tercianas, (fièvres), d’après tout ce qu’on vous en disait du risque que l’on court par l’approche de la saison étouffante que nous éprouvons dès à présent. Enfin je leur ai fait voir que, quoique vous soupiriez du désir de les connaitre, vous préférez attendre un mois de plus pour jouir, bien portante, de leur société et n’avoir pas le désagrément d’être au lit malade et privée de leurs belles réunions. Ils en sont convaincus, et plusieurs ont dit que vous aviez raison, excepté M. Tristan qui absolument aurait désiré vous voir et vous embrasser.

« J’ai été interrogé sur le motif de votre arrivée au Pérou, et j’ai répondu que vous étiez si réservée qu’il m’a été impossible de rien savoir de vous ; mais que vous m’avez fait entendre que vous n’aviez d’autre désir que celui d’être auprès de votre oncle et de conserver sa tendresse et son amitié ; mais que j’ai compris aussi, par quelques paroles qui vous sont échappées, que vous veniez avec quelques prétentions sur des affaires d’intérêt, mais que je n’en savais pas davantage.

« À cela M. Tristan m’a répondu que, lorsque l’occasion s’en présentera, il vous répondra par vos propres lettres, c’est à dire qu’il croit que vous n’avez pas des droits à la légitimité ; mais qu’il suspend toute pensée jusqu’à ce qu’il ait parlé avec vous.

« Le conducteur me presse, et je n’ai autre chose à vous dire sinon que je vous aime de cœur, et que je suis et serai pour toujours votre plus fidèle, dévoué et très passionné serviteur,

« J. de Crévoisier. »