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En même temps, il prend une part active à la fondation du séminaire des Missions étrangères ; il organise avec Vincent de Paul l’hôpital Sainte-Reine, en Bourgogne, qui allait devenir l’objet d’un pélerinage très fréquenté dans la deuxième partie du xviie siècle ; il ne cesse enfin de donner ses soins à l’Hôpital Général, fondé en 1656[1], dont il dirige les constructions, dont il prépare les règlements, et au sujet duquel il fait maints rapports aux assemblées de la Compagnie (cf. 22 mars 1657[2]. Par lui, on peut dire que l’esprit de cette société s’insinue dans toutes les grandes fondations charitables de l’époque, en même temps que s’opère sur les couvents une mainmise qui allait bientôt donner ombrage à l’autorité ecclésiastique. N’oublions pas enfin les compagnies de charité des paroisses ; Duplessis travaille en particulier aux bonnes œuvres du « canton » de Saint-Sulpice, au développement des écoles des petits Savoyards, et en 1662 il s’occupe des missions de la Compagnie des dames qui secourent les provinces réduites à la famine[3]. Mais, dès 1660, la Compagnie est supprimée, du moins officiellement ; les Annales cessent de nous renseigner sur une activité qui, de plus en plus, s’enfonçait dans le mystère. Dans son mémoire envoyé aux provinces en 1660, résumé par d’Argenson, il expliquait le but du secret et l’esprit de la Compagnie : « La fin de ce secret est de donner moyen d’entreprendre les œuvres fortes avec plus de prudence, de désappropriation [désintéressement], avec plus de succès et moins de contradiction. Car l’expérience a fait connaître que l’éclat est la ruine des œuvres et que la propriété [l’amour-propre] est la destruction du mérite et du progrès en vertu. » Ce système n’avait pas trop mal réussi, si l’on songe que l’Hôpital Général et les Missions étrangères ont traversé sans périr trois siècles de tribulations et d’épreuves.


Marcel Fosseyeux.

    deux maisons, rue Cassette, pour 45,000 livres, et provenant du partage fait avec l’Hôtel-Dieu (Arch. nat., S. 4750).

  1. Parmi les vingt-six premiers directeurs, douze au moins appartenaient à la Compagnie du Saint-Sacrement.
  2. Arch. de l’Assistance publique. Le 5 octobre 1658 il remet au Bureau un bijou de pierreries valant 1,250 livres ; le 9 octobre il apporte deux pendants d’oreilles valant 4,000 livres ; le 30 août une tapisserie de haute lisse, l’histoire de Didon, valant 12,000 livres.
  3. Il organise en particulier des dépôts de vivres ou magasins généraux à l’hôtel de Bretonvilliers, dans l’île Saint-Louis, et à l’hôtel Maudosse, près de l’hôtel de Bourgogne (cf. Feillet, la Misère au temps de la Fronde).