Page:François Hüe - Souvenirs du Baron Hüe publiés par le baron de Maricourt, 1903.djvu/30

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devant cette résistance, et qui tous aimaient André Hüe, l’engageaient à céder, et à pousser le fauteuil. Mais ce dernier refuse en termes énergiques et respectueux, jusqu’à ce que Louis XVIII, comprenant sa juste fierté et comprenant qu’on ne parlait point sur ce ton à un ancien officier aux mousquetaires, lui dise d’une voix sensiblement radoucie :

— Veuillez, monsieur Hüe, me conduire à mes appartements, je vous en rendrai grâce.

Une autre fois, André Hüe rendait au Roi les comptes de quelque négociation dont il avait été chargé. Tous deux n’étaient pas d’accord sur le chiffre de la dépense. Louis prenait peu à peu sa grosse cloche et se montrait fort irrité. Impatienté, le premier valet de chambre, qui ne s’inquiétait pas autrement de la dignité royale, lui remet le registre en s’écriant :

— Que le Roi compte ou je ne m’en mêle plus !

Louis XVIII calcule, suppute, additionne, et, dans un franc éclat de rire :

— André, s’écrie-t-il, vous avez raison, et c’est moi qui suis la bête !

En homme d’esprit, fatigué d’une adulation perpétuelle, le monarque appréciait infiniment l’indépendance de caractère.

Hüe était à la cour le jour où l’on y connut la mort de Napoléon et fut présent à la scène suivante :

Dans la salle où l’on attendait le Roi, qui n’avait pas encore paru, les visages étaient contraints. Plusieurs dignitaires qui avaient évolué avec aisance du service