Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/31

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Or la Femme est aux Bois sacrés reconnaissante,
Et lorsque, sur son lit de fleurs agonisante,
Elle se sent faiblir sous le poids de l’amour,
Elle fuit dans les Bois lointains l’horreur du jour,
Et dans les longs midis brûlants, par les allées
De tilleuls, sur le bord des eaux immaculées,
Se console des deuils noirs dont nous l’accablons
En laissant les grands Bois baiser ses cheveux blonds.
Mais elle, elle si belle ! à quelle âme immortelle,
À quelle âme plus forte encore songe-t-elle,
Pour s’en venir ainsi rêver avec les Bois,
Elle dont l’œil est plein d’astres et dont la voix
Est pleine de chansons, elle dont même l’ombre
Étincelle comme un soleil dans la nuit sombre,
Elle dont tout le corps n’est qu’un ciel radieux ?

Elle vient chaque jour, triste, songer aux dieux
Immortels qui sont morts autrefois ! elle songe
Qu’elle même choira dans l’abîme où tout songe,
Qu’elle mourra, que ses cheveux divins mourront,
Que ses lèvres d’azur clair mourront, et son front !
Elle songe à ce terme horrible de la vie.
Et c’est pourquoi dans ses douleurs ce qu’elle envie
Avec toute son âme ardente, ce n’est pas
L’amour des cœurs humains enchaînés à ses pas,