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DE LA PREMIÈRE ÉDITION.


plusieurs signatures de l’empereur Charles-Quint et de quelques autres nobles de la cour, qui y ont mis leur nom sous leurs devises, en cette forme : Plus outre, CHARLES. — Ainsi sera, LUXEMBOURG. — Souvienne tu, BOUTON. — Plus ne suis, FRERIN, etc.

« On ne peut douter que ce ne soit là un des manuscrits les plus curieux des Chroniques de Froissart, puisqu’il a été présenté par Froissart lui-même à Guy de Chatillon, dont il était chapelain. Ce Guy de Chatillon est Guy II du nom, mort en 1397, dont il est fait mention dans le sixième volume des Grands Officiers de la Couronne, page 97. »

SUISSE.

M. J.-B. Sinner, dans son catalogue des manuscrits de la bibliothèque de Berne, a rendu compte d’un manuscrit de Froissart, qui me paraît être un des plus complets. Les variantes que rapporte Sinner sont tout-à-fait conformes aux leçons que M. Dacier a tirées des manuscrits desquels a été tiré le texte de notre édition. Ce manuscrit est un don fait en 1697 à la bibliothèque de Berne par le comte Alexandre à Dohna, dont le père Frédéric acheta vers 1657 les baronies de Copet et de Prengin, dans le canton de Vaud. La première feuille qui contenait une vignette a été déchirée.

La même bibliothèque de Berne possède un Froissart imprimé de l’édition de Lyon 1559, qui a appartenu au célèbre Jacques Bongars, et qui contient en marge différentes leçons tout-à-fait conformes à celles des bons manuscrits.


MANUSCRITS DES PROVINCES DE FRANCE.

CARPENTRAS.

Voici ce qu’écrivait M. de Sainte-Croix à M. Dacier au sujet de ce manuscrit :

11 juin 1781.

« J’ai examiné, monsieur et cher confrère, avec soin le manuscrit de Froissart qui se trouve à la bibliothèque de Carpentras. Il est en deux gros volumes in-folio sur papier, sans autre ornement. Le commencement du premier volume a été déchiré et il y manque les dix premiers chapitres. Le reste est en très bon état. Vous trouverez ci-joint quelques lignes du manuscrit copiées par une main habile et d’une ressemblance parfaite et frappante avec l’original qui est écrit tout de la même manière et de la même main. J’ai collationné avec le soin le plus scrupuleux le 187e chapitre de l’édition de Sauvage et de l’impression de Jean de Tournes avec ce manuscrit. Il n’y a aucune différence pour les faits et très peu pour le style. Après les dernières lignes qui terminent l’histoire de Froissart dans toutes les éditions, on trouve dans le manuscrit de Carpentras une addition d’environ deux pages ou quatre colonnes de la même main : elle contient sur la mort du roi Richard des détails qui avaient échappé à Froissart. L’auteur, quel qu’il soit, les donne comme une addition et une suite au récit de cet historien[1].

CAMBRAY.

Je tire des lettres écrites à M. Dacier en 1769 et 1770 par M. Mutte, doyen de Cambray, quelques renseignemens sur un autre manuscrit de Froissart de la bibliothèque du chapitre métropolitain de Cambray, coté 344, écrit sur papier d’une main du quinzième siècle in-4o imparfait. Il contient l’histoire des guerres des Gantois et autres Flamands révoltés contre Louis de Male, comte de Flandre, leur seigneur.

Cette histoire commence ainsi :

« Sensieult la coronique de la rébellion de Gand et aucunes villes de Flandres contre leur seigneur et droicturier prince qui dura sept ans et commencha en l’an mil trois centz soixante et dis-huit, jusques en l’an de grâce mil trois centz quatre vingts et chincq.

« Je Jehan Froissars prestre de la nation de la conte de Haynnau et en ce temps trésorier et chanoisne de Chymay, qui du temps passé me suis entremits de traictier et mettre en prose et en ordonnance les nobles et haultes advenues et grands faicts d’armes qui advenues sont tant de guerre de France et Engleterre comme de ailleurs, me suis advisé de mettre en escript les grans tribulations et pestilence qui furent en Flandres et par le fait et orguel de ceulx de Gand contre le coens Loys leur seigneur dont moult de mauls advinrent depuis, si comme vous orrez recorder avant en l’histoire. »

Ce manuscrit n’est pas entier. Il finit à la levée du siége d’Audenarde par les Gantois, après la défaite de Philippe d’Attrevelle à la bataille de Rosebecq, le 29 novembre 1382.

Le quinzième cahier manque[2].

TOURNAY.

L’abbaye de Saint-Martin de Tournay contenait aussi un manuscrit assez curieux de Froissart sur lequel D. Berthod, bénédictin, fit passer quelques renseignemens à M. Dacier : le manuscrit même

  1. J’ai donné cette addition dans une note.
  2. Voyez dans mon addition au deuxième livre de Froissart, tome ii de cette édition, le résultat de l’examen que j’ai fait moi-même du manuscrit de Cambray.