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souvenirs d’une actrice.

ville, la conversation tomba naturellement sur le sujet qui occupait tout le monde, la pièce interdite qui faisait un si grand bruit.

« — Vous devriez nous la mettre en ballet, monsieur Dauberval, dit en riant un de ces messieurs (comme il lui aurait dit : vous devriez mettre l’Encyclopédie en vaudeville).

— Pourquoi pas, répondit l’artiste en continuant la plaisanterie. »

Dès ce moment, sa tête commença à travailler, il devint pensif, lui si gai, si aimable d’ordinaire, et il ne proféra plus une parole jusqu’à la fin du dîner. Rentré chez lui, il prend la pièce de Figaro, la relit, et passe la nuit à calculer le parti qu’il en peut tirer ; il dresse son plan, fait ses notes, écrit une espèce de programme qu’il communique le lendemain à sa femme ; elle trouve l’idée parfaite, rectifie, donne ses avis ; Dauberval se dit malade, afin de pouvoir se livrer tout entier à son travail.

Une semaine après, Le Page inconstant étant presque achevé, il fait venir chez lui les premiers sujets, distribue les rôles, cherche surtout à leur