Page:Fustel de Coulanges - Histoire des institutions politiques de l'ancienne France 5 (1922).djvu/31

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cher LE « COJIITATUS » GERMANIQUE. 1S

cher si, au milieu de celte société qui prise d’ensemble n’est pas féodale, il ne se trouve pas quelque institution particulière qui ressemble à la féodalité ou d’où la féodalité ait pu sortir. Il y avait chez ces peuples une telle diversité et une telle complexité d’usages et de pratiques, qu’il faut regarder avec une grande attention avant d’affirmer qu’ils n’eussent rien de féodal. Au chapitre 51 de la Germame, Tacite décrit une organisation militaire. « Il existe une pratique qui, chez les autres peuples germains, n’est adoptée que par quelques braves isolément, mais qui chez les Cattes est devenue une sorte d’institution publique*. Elle consiste en ce que les guerriers, dès leur première jeunesse, se laissent croître la barbe et les cheveux, et gardent, jusqu’au jour où ils auront tué un ennemi, cet extérieur farouche qui marque qu’ils sont voués et engagés à la Vertu guerrière". Ce n’est que sur le sang et les dépouilles d’un ennemi que les hommes découvrent leur front, et c’est alors seulement qu’ils croient avoir acquitté le prix de leur naissance.... Les plus braves portent en outre un anneau de fer, ce qui est pour eux un signe dégradant, et ils le portent jusqu’à ce qu’ils se soient rachetés par la mort d’un ennemi. Nombre de Cattes se plaisent dans cet état. Ils y vieillissent.... Ils ont le privilège de commencer tous les combats. Ils sont toujours au premier rang’. Même en temps de paix leur extérieur reste le même. Aucun de ces hommes n’a de

  • Tacite, Germanie, 31 : Aliis Germanorum populis usurpatum rara et

privata cujusque audentia, apud Cattos in consensum vertil. — Tacite représente les Cattes comme le peuple le plus guerrier de la Germanie. ’^ Ibidem : Votivum obligatunque Virtuli oris habitum. 5 Ibidem : Omnium penes hos initia pugnarum, hœc prima semper acies. — Ils ne sont pas tous les guerriers d’un peuple, mais ils sont l'élite de ses guerriers.