Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/311

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bâilla à grande bouche.

— Est-ce tout ? demanda-t-il avec ennui.

— Vous ne le croyez pas, cher Monsieur, répondit Comayrol ; mais, avant de poursuivre, permettez-moi d’établir en deux mots notre propre situation, à nous deux mon copain Jaffret, car, en conscience, nous avons l’air de tomber de la lune… Il y a dans Paris une jeune princesse qui possède une fortune immense, laquelle fortune ne lui appartient pas… Voilà que vous devenez attentif ; cela me fait plaisir pour vous et pour nous… Il y a dans Paris un jeune homme, pauvre comme Job, et à qui ses parents ont oublié de laisser un nom…

— Passez, dit Roland.

— Volontiers : je voulais ajouter seulement que le jeune homme adore la jeune princesse ; pas un mot de plus… Il y a dans Paris une maison… de commerce, si vous voulez, qui a eu… par héritage, je suppose, les titres établissant sur une autre tête la propriété des immenses biens que possède la jeune princesse… J’espère que vous comprenez ?

— Assez bien. Vous n’avez pas l’autre tête sous la main, Messieurs ?

Le bon Jaffret regarda Roland avec des yeux en coulisse.

— Heu ! heu ! fit le roi Comayrol, une tête… ça se trouve. Mais enfin, n’importe, vous nous allez !…

— La conclusion, s’il vous plaît ?

— Permettez ! Tout cela s’engrène comme une mécanique, et il ne nous faut pas plus de deux minutes désormais. Je reviens à la boîte aux renseignements. Il est bon, il est nécessaire que vous nous répondiez en pleine connaissance de cause, car nous nous avançons un petit peu ici, hein, Jaffret ?

— Beaucoup, dit ce dernier. Nous nous avançons énormément !

— Et ceux qui ne seraient pas avec nous,