Page:Féval - Cœur d’acier,1865.djvu/312

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poursuivit l’ancien premier clerc d’un ton de menace sérieuse et contenue, seraient contre nous. C’est clair, cela, hein, Jaffret ?

— Que Dieu me garde, murmura l’ami des oiseaux, de faire jamais du mal à une mouche !

— À une mouche, repartit Comayrol, je ne dis pas… Il y a un vieux conte ainsi fait : sur mille passants, prenez le premier venu et coulez-lui à l’oreille : je sais tout ! Il vous donnera sa bourse, sa montre et son mouchoir de poche pour n’être pas conduit au poste. Nous avons mieux que cela… Ce fut la nuit de la mi-carême, en 1832, à quatre ou cinq heures du matin, qu’on vous releva sous votre réverbère, Monsieur Cœur, ici près, sous les fenêtres du bon Jaffret…

— Vers les six heures, rectifia Roland.

— Cette même nuit, un meurtre fut commis rue Notre-Dame-des-Champs.

La figure du jeune peintre s’anima malgré lui et vivement.

— Sur la personne d’un pauvre garçon, poursuivit Comayrol en soulignant chacun de ses mots, qui, en vérité, n’avait pas de chance. On l’avait déjà poignardé, trois semaines auparavant, boulevard du Montparnasse, la nuit du mardi-gras au mercredi des Cendres.

— Ah ! fit Roland, moitié raillant, moitié saisi, et la seconde fois, il en mourut, je suppose ?

— D’aplomb !… ce soir-là, j’entends le soir du mardi-gras, un jeune homme était venu à l’étude Deban, notaire, rue Cassette. Et il y avait un des clercs qui savait que M. Deban avait promis, le pauvre diable, de livrer, pour vingt mille francs, des titres à lui confiés… Il est tombé bien bas, depuis lors, le pauvre Deban. Ce n’était pas du tout un homme capable. Les titres valaient à peu près quatre cent mille livres de rentes. Un joli denier, hein, Jaffret ?

— Que de bien on peut faire !… mur-