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CONTES CORÉENS

Comme la veuve n’avait pas d’autre parti à prendre, elle lui répondit :

« Soit ! mais je veux que là où nous irons, nous construisions une hôtellerie qui devienne célèbre dans tout le pays par son hospitalité et son bon marché.

— Je consens à obéir à cet étrange caprice, car je t’aime », répondit le faux ami.

Et ils firent comme il était convenu.

Cependant, Paksen attendait en vain sa fiancée. Il n’osait se rendre à Séoul de peur d’y être arrêté. Il vécut plusieurs jours dans l’anxiété et le désespoir. Enfin un passant lui apprit que son ami et la veuve s’étaient enfuis on ne savait où.

Alors, désespéré, il fit don des mules et des objets précieux à un monastère de bonzes, et résolut de s’enrichir par ses propres moyens.

Il s’en alla chercher de l’or et du ginseng. Il vécut comme le dernier des vagabonds et souvent les balles des brigands sifflèrent à ses oreilles. Il recherchait les endroits les plus sauvages et plus le lieu était désert, moins son cœur souffrait. Il atteignit ainsi le sommet de la montagne Tchen-oo-chana-Pektousan où se trouve le lac sacré des dragons.

C’était un horrible sacrilège que d’aborder cette région ; il ne douta pas, dans son épouvante, qu’il allait mourir.

La nuit tomba.

Alors, il adressa une ardente prière au ciel et dit au soleil couchant :