Page:Gasquet - L’Enfant, 1900.djvu/17

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Je connais le bonheur tranquille des époux.
Mon âme à te servir attentive et ravie,
À tout ce que tu vois trouve un charme plus doux.
La loi de ton amour ma raison l’a suivie.


Je n’oublierai jamais ce divin vendredi…
Autour de nous rêvait la campagne endormie,
C’était l’heure où le bois de chênes resplendit,
La rivière luisait parmi les basses branches.
Ô causerie au bord de l’ancien pont de planches,
Ô vieux banc où tu vins, défaillante, t’asseoir.
Solitude, frissons de la nuit ! Ce fut l’heure.
Et ton âme accepta le suprême devoir…


Depuis, dans la maison, ô douceur de te voir !
Dans chaque chose aimée un peu de toi demeure.
C’est dans ton cœur que bat le cœur de la demeure,
Ton sourire toujours flotte dans le miroir.
Les parfums, les lueurs te suivent, mais le soir,
Moi qui, chaste, te tiens contre mon cœur qui tremble,
Quand glisse doucement la robe à tes genoux,
Je sens confusément tous ces désirs ensemble
Enivrer ma raison du bonheur des époux.