Page:Gauthier-Ferrières - Gérard de Nerval, 1906.djvu/241

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s’entendre, afTligés tous deux, le physique de l’un étant aussi malade que le moral de l’autre. Heureusement, la poésie leur faisait oublier bien vite toutes ces infirmités, et ce devait être de très douces soirées que celles qu’ils passaient ainsi à travailler ensemble. Une perruche bavarde leur tenait compagnie, à la grande joie de Gérard, et j’imagine que de temps en temps Mathilde, femme de Henri Heine, venait les égayer un peu et les réconforter par son rire lumineux et sa belle sanlé, car on trouva plus tard sur son album ce joli sixain écrit a cette époque par Gérard :


 
Vous avez des yeux noirs, et vous êtes si belle,
Que le poète en vous voit luire l’étincelle
Dont s’anime la force et que nous envions :
Le génie à son tour embrase toute chose ;
Il vous rend sa lumière, et vous êtes la rose
         Qui s’embellit sous ses rayons.


Plus tard, après la mort du pauvre amant d’Aurélia, Henri Heine écrivait dans une préface des Poèmes et Légendes : a La diction de Gérard coulait avec une pureté suave qui était inimitable et qui ne ressemblait qu’à l’incomparable douceur de son âme. C’était vraiment plutôt une âme qu’un homme, je dis une âme d’ange, quelque banal que soit le mot. Cette