Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 4.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Oh ! mon Dieu !… c’est moi qui vous ai fait ce mal, s’écria-t-il, oh ! pardonnez-moi, pardonnez-moi, Lise !…

— Non, ce n’est pas vous… j’ai eu tort… j’ai… »

Et en prononçant ces paroles elle défaillit et fût tombée par terre si Léonce ne l’eût prise dans ses bras.

À ce moment l’orage éclata avec violence, et Lise tressaillit comme frappée par la foudre ; mais son évanouissement n’était qu’une faiblesse passagère, elle se remît et entendit la voix de sa mère qui l’appelait.

« Allons la rejoindre.

— Mais vous pouvez à peine marcher.

— Oh ! allons, allons ! lui dit-elle tandis que ses dents claquaient… je peux marcher, je le peux, je le veux. »

Et elle prit un sentier en répondant avec une voix éclatante :

« Me voici, maman, me voici, »

Mais avant qu’ils fussent arrivés elle dit à Sterny :

« Vous nous quitterez, n’est-ce pas, je le veux…

— Je vous obéirai, » dit Sterny.

Cela dit, il n’y eut pas un mot de prononcé, et lorsqu’ils arrivèrent près des grands parents, elle était calme et remise en apparence. Mais durant leur absence la grande résolution d’inviter Sterny avait été prise, et elle lui fut solennellement adressée par M. Laloine. Il s’y refusa d’abord, mais avec un embarras triste comme celui d’un enfant qui a peur. Il chercha vainement un encouragement dans un regard de Lise, mais elle détournait la tête.

« Ah ! je comprends, dit Laloine, ces messieurs et ces dames qui viennent de passer vous attendent.

— Non… non, monsieur, dit vivement Sterny, je n’ai rien à faire avec ces gens-là. »

Ces gens-là ! sa société habituelle. Oh ! pauvre Sterny !

« Mais alors pourquoi ne pas accepter ? dit Mme Gurauflot qui s’était éprise du beau Léonce,

— Ma présence ne plairait peut-être pas à tout le monde, madame, reprit Sterny en s’inclinant ; permettez que je me retire.

— Mais voilà la pluie qui va tomber, dit Mme Gurauflot, vous accepterez au moins un parapluie !

— Merci, madame, merci, dit Sterny d’une voix douloureuse. Adieu, monsieur Laloine, adieu, madame ; j’ai l’honneur de vous saluer, mademoiselle, » dit-il enfin en se tournant vers Lise.