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SAINT IRÉNÉE.

Prenez donc garde à vous, de peur que vos cœurs ne s’appesantissent dans les festins et dans l’ivresse, et dans les soins de cette vie, et que ce jour ne vienne soudain sur vous. Que vos reins soient entourés d’une ceinture, et que vos lampes brûlent en vos mains, comme des serviteurs qui attendent que leur maître revienne des noces, se tenant prêts à lui ouvrir dès qu’il frappera à la porte. — Bienheureux sont ces serviteurs que leur maître trouvera veillants quand il viendra. Et ce serviteur, qui a connu la volonté de son maître, et ne l’a point exécutée, et ne s’est pas tenu prêt, sera frappé de coups. — Mais pourquoi m’appelez-vous Seigneur, et ne faites vous pas ce que je dis ? — Que si le serviteur se dit à lui-même, mon maître ne viendra pas sitôt ; et qu’il commence à battre les serviteurs et les servantes, et à manger et à boire et à s’enivrer : le maître de ce serviteur-là viendra le jour où le serviteur ne l’attend pas, et à l’heure qu’il ne pense pas, et il le séparera, et il lui donnera sa part avec les infidèles. »

Ces passages, et un grand nombre d’autres que nous pourrions rapporter, démontrent que l’homme est le maître de sa volonté, que Dieu seulement nous instruit par sa grâce en nous inspirant l’obéissance, mais sans user envers nous d’aucune contrainte.

Et, en effet, celui qui ne veut pas suivre la loi de l’Évangile, peut bien en agir ainsi, mais il aura lieu de s’en repentir. Car l’homme a la liberté de désobéir à Dieu et de renoncer à son salut ; mais il n’en est pas moins vrai qu’en agissant ainsi, il se fait à lui-même un tort immense. C’est ce qui fait dire à saint Paul : « Tout m’est permis, tout ne m’est pas expédient. » Dieu n’exerce nulle contrainte sur la volonté de l’homme ; c’est dans ce sens que tout lui est permis ; mais tout ne lui est pas expédient ; ce qui nous avertit de prendre garde d’abuser de notre liberté ; car nous aurions à nous repentir. C’est pour éviter ces fâcheuses conséquences que l’apôtre nous dit encore : C’est pourquoi renonçant au mensonge, que chacun de vous parle à son prochain selon la vérité. » Et plus loin : « Que votre bouche ne profère aucune parole mauvaise ; mais que tout ce que vous