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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

CHAPITRE IV.
Il insiste sur l’utilité de la foi ; et il montre que la foi est le fondement de toute science.

Mais nous qui, grâce au témoignage des saintes Écritures, sommes convaincus que Dieu a communiqué à l’homme la libre et souveraine faculté de choisir ou de rejeter, appuyons-nous sur la foi avec la confiance d’un jugement inébranlable, avec l’ardeur d’un esprit zélé. N’avons-nous pas choisi le Verbe qui est la vie ? En croyant à sa voix nous avons cru en Dieu ; en effet, qui croit au Verbe connaît la vérité. Le Verbe est la vérité ; mais qui ne croit pas à la parole du Verbe, ne croit pas en Dieu. « C’est la foi qui nous apprend que le monde a été fait par la parole de Dieu, et que d’invisible qu’il était, il est devenu visible, dit l’apôtre. C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu une victime plus excellente que celle de Caïn, et qu’il fut déclaré juste. Dieu lui-même rendant témoignage qu’il acceptait ses dons. C’est par la foi que la voix du juste parle encore après sa mort. » L’apôtre poursuit de la sorte jusqu’à ces mots : « que de jouir du plaisir passager du péché. » La foi, en justifiant les saints personnages qui précédèrent la loi et que mentionne l’apôtre, les a institués héritiers de la divine promesse. À quoi bon invoquer de nouveau nos livres saints en témoignage de la foi ? Le temps me manquerait si je voulais rappeler ce qui concerne Gédéon, Barac, Samson, Jephté, David, Samuel, les prophètes, et ce qui vient après eux.

Le vrai repose sur quatre bases : le sentiment, l’intelligence, la science et l’opinion. Selon la nature, c’est l’intelligence qui est la première ; selon nous et par rapport à nous, c’est le sentiment. L’essence de la science réside dans la réunion du sentiment et de l’intelligence. L’évidence est commune à l’intelligence et au sentiment ; mais le sentiment est comme l’introduction de la science. La foi, se frayant un passage à travers les sensations, laisse l’opinion derrière elle, se précipite vers la vé-