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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

du ciel sont les possessions de l’homme vertueux, comme il est naturel à l’âme bienfaisante de faire du bien, au feu d’échauffer, à la lumière d’éclairer. La vertu ne commettra jamais le mal, pas plus que de la lumière ne sortiront les ténèbres, ni du feu le froid. Au Contraire, vous ne verrez jamais le vice produire la vertu : il est condamné à produire le mal, comme les ténèbres, à confondre les couleurs. La philosophie qui conduit l’homme à la vertu, n’est donc pas l’œuvre du vice. Il ne reste plus qu’à faire remonter son origine jusqu’à Dieu, dont la bonté est le sublime privilège. Tout ce que Dieu donne est donné et reçu dans l’ordre du bien. D’ailleurs la philosophie n’a point été l’apanage des méchants ; ce sont les plus vertueux et les plus illustres d’entre les Grecs qui l’ont possédée : nouvelle preuve qu’elle émane d’une divine Providence qui distribue à chacun l’aliment qui lui est propre. C’est donc avec une profonde sagesse que la loi brilla pour les Juifs, et la philosophie pour les Grecs, jusqu’à l’avènement du Seigneur. Depuis ce moment, la vocation est pour tous sans exception. Elle convie les peuples à se confondre dans la doctrine qui vient de la foi ; nation nouvelle consacrée à la justice et réunie sous un même pasteur, par le maître commun des Grecs et des Barbares, disons mieux, par le maître du genre humain. La philosophie, nous l’avons déclaré plus d’une fois, est l’instrument, mais l’instrument partiel, qui découvre la vérité. Il y a plus ; tout ce que les arts renferment de bon, sous le point de vue de l’art, est une émanation de Dieu. L’habile exécution d’une œuvre d’art appartient à la spéculation ; de même, un acte de prudence est rangé sous le chef de la prudence ; or, la prudence est une vertu dont le propre est de connaître les autres, et avant tout, ce qui la concerne elle-même. Quant à la sagesse, faculté suréminente, elle n’est rien moins que la science des biens de Dieu et de l’homme. « La terre et tout ce qu’elle renferme, est à Dieu, » nous dit l’Écriture, pour nous convaincre que les biens nous viennent d’en haut, et sont répartis sur la faiblesse humaine par une puissance et une force divines.