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ORIGÈNE.

XVIII. Invitons-le donc à comparer les livres aux livres. Voyons, Celse, mets les poèmes de Linus, de Musée, d’Orphée, et l’écriture de Phérécyde en parallèle avec l’écriture de Moïse, leurs annales avec nos annales, leurs règles de morale avec nos lois et nos préceptes* Considère lesquels peuv€ » ti le mieux éloigner les lecteurs du vice, lesquels peuvent au contraire les endurcir dans le crime ; Persuadetoi ^que tes auteurs favoris n’ont nullement songé au vulgatre 4 qu’ils ont écrit ce que tu appelles leur philosophie pour ceux-là seuls qui sauraient l’interpréter par des tropes et —dea allégories. Mais pourquoi, Moïse n’aurait-il pas dans ses cinq livres observé la même règle ? Pourquoi ne saurait-il pas, comme les grands rhéteurs, mesurer toutes ses paroles de manière que chacune puisse comporter deux apptifi&tkÉis différentes, en amenant à la fois la multitude juWe à de bonnes mœurs, et les esprits sages, l’élite des hommes, à de bautes méditations sur la penséçe intime du législateur ? Ajoutons que les sages poètes et leurs livres vantés ont disparu de la mémoire des Grecs, cé qui n’aurait pas eu lieu, si leurs anciens lecteurs en avaient tiré d^Jrnis fruits. Les écrits de ÏHoïse, aucontraire, se sont répandus même parmi les Gentils, et leur ont persuadé que celui qui avait révélé : au législateur hébreu de telles lois devait réellement être le Dieu fondateur du monde, cocaïne l’Écriture l’atteste é Car cp suprême ouvrier, qui a formé et ordonné toutes choses, pouvait seul donner à sa révélation une force capable de subjuguer tous les esprits. Je n’ai poiitf ici en vue le Christ. Je soutiens seulement que Moïse, quoique bien inférieur à Jésus, l’emporte néanmoins sur tous les poètes et les philosophes de Celse.

XIX. Notre antagoniste, lançant contre Moïse des calomnies indirectes au sujet de la création du monde, auquel la Bible n’assigne pas même dix mille ans d’existence, cache avec soin sa pensée sur cette question, et laisse croire qu’il regarde, le mopde comme ineréé. Cette opinion de Celse perce dans ce qu’il dit sur les incendies périodiques