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HISTOIRE DE LA DÉCADENCE

séparé, suivant les occasions, pour être rangé en ligne, et faire partie des ailes de l’armée[1]. Sous les empereurs, la cavalerie était bien différente de ce qu’elle avait été dans son origine. Du temps de la république, elle était composée des jeunes gens les plus distingués de Rome et de l’Italie, qui, en remplissant ce service militaire, se préparaient à acquérir les dignités de sénateur et de consul, et sollicitaient, par leurs exploits, les suffrages de leurs concitoyens[2]. Mais depuis le changement qui était survenu dans les mœurs et dans le gouvernement, les plus riches citoyens de l’ordre équestre se consacrèrent à l’administration de la justice et à la perception des revenus publics[3]. Ceux qui embrassaient la profession des armes étaient aussitôt revêtus du commandement d’une cohorte[4] ou d’un escadron[5]. Trajan et Adrien tirèrent leur cavalerie

  1. Végèce, De re militari, l. II, c. 6. Son témoignage positif, qu’on pourrait appuyer de faits évidens, doit certainement imposer silence à ces critiques qui refusent à la légion impériale son corps de cavalerie.
  2. Voyez Tite-Live presque partout, et spécialement XLII, 61.
  3. Pline, Hist. nat., XXXIII, 2. Le véritable sens de ce passage très-curieux a été découvert et éclairci par M. de Beaufort, Rép. romaine, l. II, c. 2.
  4. Comme nous le voyons par l’exemple d’Horace et d’Agricola, il paraît que cette coutume était un vice dans la discipline romaine : Adrien essaya d’y remédier en fixant l’âge qu’il fallait avoir pour être tribun.
  5. Ces détails ne sont pas tout-à-fait exacts. Quoique