Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/444

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et de la vraie croix, déclarant avec fermeté que lui et tous les pèlerins consumeraient leur vie dans leur sainte entreprise plutôt que de retourner en Europe chargés de remords et d’ignominie ; mais la conscience de Saladin ne lui permettait pas de consentir, à moins d’une forte compensation, à rendre aux chrétiens leurs idoles, ou à favoriser leur idolâtrie. Il défendit avec la même fermeté ses droits temporels et religieux sur la souveraineté de la Palestine, allégua l’importance et la sainteté de Jérusalem, et rejeta toute convention d’établissement pour les Latins ou de partager avec eux. Richard proposa de donner sa sœur en mariage au frère de Saladin ; mais la différence de religion ne permit pas d’accomplir cette alliance : la princesse ne se serait vue qu’avec horreur dans les bras d’un Turc, et Adel ou Saphadin n’aurait pas aisément renoncé à la pluralité des femmes. Le sultan refusa une entrevue avec Richard, alléguant la différence de langage, qui les empêchait de s’entendre mutuellement. La négociation fut artificieusement conduite et prolongée par des envoyés et des interprètes. Le traité définitif fut également désapprouvé par les zélés des deux partis, ainsi que par le pontife romain et par le calife de Bagdad. On stipula que Jérusalem et le Saint-Sépulcre seraient ouverts à la dévotion des chrétiens et des pèlerins d’Europe ; qu’ils ne payeraient point de tribut et n’éprouveraient point de vexations ; qu’après la démolition d’Ascalon, ils posséderaient toute la côte maritime depuis Jaffa jusqu’à Tyr,