Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/20

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l’empereur, et le tranquillisa en même temps en lui prédisant que les hérétiques allemands attaqueraient la porte de Blachernes, mais que leur punition offrirait un exemple effrayant de la vengeance divine. Les passages de ces grandes armées étaient des événemens rares et dangereux ; mais les croisades firent naître entre les deux nations une correspondance qui étendit leurs lumières sans affaiblir leurs préjugés. [Les Latins à Constantinople.] Le luxe et les richesses de Constantinople attiraient les productions de tous les climats. Le travail et l’industrie de ses nombreux habitans balançaient cette importation. Sa position invite le commerce de toutes les parties du monde ; et son commerce fut dans tous les temps entre les mains des étrangers. Lorsque Amalfi eut perdu son importance, les Vénitiens, les Pisans et les Génois établirent des factoreries dans la capitale de l’empire ; on récompensa leurs services par des honneurs et des priviléges ; ils acquirent des terres et des maisons ; leurs familles se multiplièrent par des mariages avec les nationaux ; et lorsqu’on eut toléré une mosquée mahométane, il fut impossible d’interdire les églises du rit romain[1]. Les deux femmes de Manuel Comnène[2] étaient de

    contribua pas moins efficacement à l’action et à la réaction de la haine, qui était réelle.

  1. Voyez Anne Comnène (Alexiad., l. VI, p. 161, 162) et un passage remarquable de Nicétas dans Manuel, l. V, c. 9, qui observe sur les Vénitiens, κατα σμηνη και φρατριας την Κωνσ‌ταντινο‌υ πολιν τησ οικειας ηλλαξαντο, etc.
  2. Ducange, Fam. byzant., 186, 187.