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ment civil, les donatistes se maintinrent cependant en nombre supérieur dans quelques provinces, particulièrement en Numidie ; et quatre cents évêques reconnaissaient l’autorité de leur primat. Mais l’invincible esprit de secte dévorait les entrailles de la secte même, et l’Église schismatique était déchirée par des dissensions intestines. Le quart des évêques donatistes suivait la doctrine indépendante des maximianistes. Le sentier étroit et solitaire que leur avaient marqué leurs premiers conducteurs les éloignait de plus en plus du genre humain ; et la petite secte à peine connue sous le nom de rogatiens, affirmait avec assurance que si le Christ descendait du ciel pour juger les humains, il ne reconnaîtrait la pureté de sa doctrine que dans quelques villages obscurs de la Mauritanie césarienne[1].

Les trinitaires.

Le schisme des donatistes fut renfermé dans l’Afrique. Mais le mal causé par les opinions des trinitaires se répandit successivement dans tout le monde chrétien. La source du schisme des premiers fut une querelle occasionnée par l’abus de la liberté ; et le système mystérieux des trinitaires prit naissance dans l’abus de la philosophie. Depuis le siècle de Constantin jusqu’à celui de Clovis et de Théodoric, les disputes idéologiques de l’arianisme se trouvèrent tellement mêlées dans toutes les affaires temporelles,

  1. Tillem., Mém. eccl., t. VI, part. I, p. 253. Il plaisante sur leur cruauté partiale. Tillemont a beaucoup de vénération pour saint Augustin, le grand docteur du système de la prédestination.