Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/324

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blée. On lut la lettre de Julien, et comme il était pour le moment le maître de l’Italie, sa demande fut admise à l’unanimité. Mais les sénateurs n’approuvèrent pas également ses censures indirectes des innovations de Constantin, non plus que ses violentes invectives contre Constance. Ils s’écrièrent, tout d’une voix, comme si Julien eût été présent : « Ah ! respectez, de grâce, l’auteur de votre fortune[1]. » Cette exclamation équivoque était susceptible d’être expliquée comme un reproche d’ingratitude si l’usurpateur succombait ; et dans le cas contraire, elle pouvait signifier qu’en contribuant à l’élévation de Julien, Constance avait suffisamment réparé toutes ses fautes.

Préparatifs de guerre.

Constance fut informé de l’entreprise et des succès de Julien au moment où la retraite de Sapor suspendait la guerre de Perse et permettait de s’occuper des rebelles. Déguisant l’angoisse de son âme sous l’extérieur du mépris, le fils de Constantin annonça son retour en Europe et le dessein de donner la chasse à Julien ; car ce n’était jamais que comme d’une partie de chasse qu’il parlait de cette expédition[2] ; et quand il en fit part à l’armée dans le

  1. Auctori tuo reverentiam rogamus. Ammien, XXI, 10. Il est assez amusant d’examiner la conduite des sénateurs, qui flottaient entre la crainte et l’adulation. Voyez Tacite, Hist., I, 85.
  2. Tanquam venaticam prædam caperet : hoc enim ad leniendum suorum metum subindè prædicabat. (Ammien, XXI, 7.)