Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 4.djvu/377

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d’Alexandrie[1], son adversaire, en a transcrit et conservé quelques morceaux qui offrent un singulier mélange d’esprit et de savoir, de subtilité et de fanatisme. L’élégance du style et la dignité de l’auteur recommandaient ses écrits à l’attention publique[2], et le mérite et la réputation de ce prince le plaçaient dans la liste impie des ennemis du christianisme au-dessus du nom célèbre de Porphyre. Il séduisit, scandalisa ou alarma les fidèles ; et ceux des païens qui osèrent quelquefois encore s’engager dans cette lutte inégale, tirèrent du livre populaire de leur noble missionnaire un fonds inépuisable d’objections captieuses. Mais, en se livrant à ces études avec assiduité, l’empereur des Romains contracta les préven-

    (Heathen testimonies, vol. IV, p. 44-47) ont compilé avec soin tout ce qui reste aujourd’hui de l’ouvrage de Julien, contre le christianisme.

  1. Environ soixante-dix ans après la mort de Julien, il remplit une tâche qu’avait entreprise sans succès Philippe de Sidon, écrivain prolixe et méprisable. L’ouvrage de saint Cyrille n’a cependant pas encore satisfait complètement les juges même les plus favorables ; et l’abbé de La Bléterie (Préface de l’Histoire de Jovien, p. 30-32) désire qu’un théologien philosophe (composé rare et merveilleux) se charge de réfuter Julien.
  2. Libanius (orat. parent., c. 87, p. 313), qu’on soupçonne d’avoir aidé son ami, préfère cet ouvrage (orat. 9, in necem Juliani, p. 255, édit. Morel.) aux écrits de Porphyre. On peut contester son jugement (Socrate, l. III, c. 23) ; mais on ne peut l’accuser de flatterie envers un prince qui ne vivait plus.