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être sa vengeance en donnant à Antioche un gouverneur[1] digne de commander à de pareils sujets ; et abandonnant pour jamais cette ville ingrate, il annonça sa résolution de passer l’hiver suivant à Tarse en Cilicie[2].

Le sophiste Libanius. A. D. 314-390, etc.

Antioche comptait parmi ses citoyens un homme dont le génie et les vertus pouvaient expier, aux yeux de Julien, les vices et les sottises des autres habitans. Le sophiste Libanius avait reçu le jour dans la capitale de l’Orient : on le vit professer publiquement la rhétorique et la déclamation à Nicée, à Nicomédie, à Constantinople, à Athènes, et, sur la fin de sa carrière, à Antioche. Les jeunes Grecs fréquentaient assidûment son école : ses disciples, quelquefois au nombre de plus de quatre-vingts,

    Coactus dissimulare pro tempore, irâ sufflabatur internâ. La pénible ironie de Julien finit par des invectives sérieuses et directes.

  1. Ipse autem Antiochiam egressurus, Heliopoliten quemdam Alexandrum Syriacæ jurisdictioni præfecit, turbulentum et sævum ; dicebatque non illum meruisse, sed Anthiochensibus avaris et contumeliosis hujusmodi judicem convenire. Ammien, XXIII, 2. Libanius (epist. 722, p. 346, 347), qui avoue à Julien lui-même qu’il avait partagé le mécontentement général, prétend toutefois qu’Alexandre fut un réformateur utile, mais un peu sévère, des mœurs et de la religion d’Antioche.
  2. Julien, in Misopogon, p. 364. Ammien, XXIII, 2 ; et Valois, ad loc. Libanius, dans un discours qu’il lui adresse sur ce sujet, l’engage à retourner dans Antioche fidèle et repentante.