Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 9.djvu/239

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santé de son père : la longueur et la sévérité de son règne lassèrent Constantinople, et lorsqu’il mourut il avait perdu l’amour et le respect de ses sujets. Le clergé ne pouvait lui pardonner d’avoir employé les richesses de l’Église à la défense de l’état ; mais il loua ses connaissances théologiques et son zèle ardent pour la foi orthodoxe, qu’il défendit par ses discours, sa plume et son épée. Son caractère fut rétréci par la superstition des Grecs ; et un même principe, inconséquent dans ses effets, le porta à fonder un hôpital pour les malades et les pauvres, et à ordonner le supplice d’un hérétique, qui fut brûlé vif dans la place de Sainte-Sophie. Ceux qui avaient vécu dans son intimité suspectèrent même ses vertus morales et religieuses. Lorsque dans ses derniers momens, Irène sa femme le pressait de changer l’ordre de la succession, il éleva sa tête, et répondit par un soupir accompagné d’une pieuse exclamation sur les vanités de ce monde. L’impératrice indignée lui adressa ces paroles qu’on aurait pu graver sur son tombeau ; « Vous mourez comme vous avez vécu, en hypocrite. »

Jean, Calo Jean. A. D. 1118. Août 15.

Irène voulait supplanter l’aîné de ses fils en faveur de la princesse Anne, sa fille, qui, malgré sa philosophie, n’aurait pas refusé le diadème ; mais les amis de la patrie ne souffrirent pas que la succession sortît de la ligne masculine ; l’héritier légitime tira le sceau royal du doigt de son père, qui ne s’en aperçut pas ou qui y consentit, et l’empire obéit au maître du palais. L’ambition et la vengeance excitèrent Anne