Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/50

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

au delà du Pô, s’étaient donné pour roi Ildebald qui reconquit en quelques mois les provinces transpadanes et la Ligurie. Son successeur Totila, profitant de l’incapacité des généraux de Justinien, entreprit vaillamment de relever la monarchie ostrogothique. Il entraîna tout ce qui restait de sa nation et remporta près de Faenza une grande victoire qui lui donna Naples, Rome et les contrées méridionales de la Péninsule (546). Il fallut de nouveau avoir recours à Bélisaire. Le vieux guerrier revint, mais avec des forces insuffisantes. Il profita du départ des Goths pour rentrer dans Rome, dont les fortifications avaient été détruites et les habitants dispersés. Il se hâta de relever une partie des remparts et parvint à repousser trois fois Totila, revenu de la Pouille pour recouvrer cette position décisive. Ce fut là son dernier succès. Sans armes, sans troupes, sans secours de Byzance, il sollicita son rappel, las d’être le témoin passif des progrès de Totila qui, après avoir repris Rome, venait de soumettre la Sardaigne et la Corse (548).

L’Empereur donna pour successeur au conquérant de l’Afrique son neveu Germanus, qui mourut en route, et fut remplacé par l’eunuque Narsès. Ce favori de cour, à qui on avait prodigué les dernières ressources de l’Empire, pénétra en Illyrie avec une puissante armée où dominaient les Barbares, Huns, Hérules, Lombards et Slaves. Il arriva à Ravenne, marcha au-devant de l’ennemi, le rencontra à Lentagio, non loin de Nocera, et battit Totila qui fut tué dans la mêlée (552). L’année suivante, Narsès remporta une autre victoire sur Theïas, successeur de Totila, qui périt également dans cette bataille livrée sur les bords du Draco, près de Cumes. L’armée de secours, envoyée d’Austrasie, arriva trop tard ; de plus, les généraux franks, Leutharis et Bucelin, ayant divisé leurs forces, furent écrasés successivement. La monarchie des Goths orientaux cessa d’exister. Le frère de Theïas, Aligern, et les autres chefs de la nation négocièrent la paix avec Narsès. Les vaincus, peu nombreux, qui survivaient, obtinrent la permission d’emporter leurs richesses, à la condition de s’exiler.