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SEPTIÈME SIÈCLE

La bataille de Testry eut l’influence d’une véritable révolution sur les destinées de cette nation, jusqu’alors profondément divisée en Franks orientaux et Franks occidentaux. Avant 687, une civilisation plus avancée, l’obéissance servile de la population gallo-romaine, donnaient à la Neustrie une incontestable suprématie sur l’Austrasie, encore sauvage, et sans cesse ébranlée par les incursions des Germains. Les choses venaient de changer. Ce ne fut pas seulement la nullité des derniers Mérovingiens qui détermina la défaite de la Neustrie : il y eut comme une seconde conquête de la Gaule par les Germains ; et un événement, où on ne voit d’ordinaire qu’un changement de dynastie, fut, dans le fait, la victoire d’un peuple sur un peuple, la fondation d’un nouveau royaume par des conquérants nouveaux. Les Austrasiens, qui s’attribuaient exclusivement le nom de Franks, regardant les Neustriens et surtout les Aquitains comme des Romains, restaurèrent les habitudes militaires, les institutions politiques et les prétentions des premiers conquérants. L’événement parut si considérable, dans le temps même, que les peuples tributaires crurent le moment favorable pour s’affranchir ; mais Peppin d’Héristal soumit, l’un après l’autre, Alain, duc des Bretons ; Eudes, duc d’Aquitaine ; Willikhar, duc des Alamans, et enfin Radbod, duc des Frisons. Le prince des Franks, qui gouvernait tout l’empire, donna successivement la couronne de Neustrie à Khlodowigh III (691) à Hildérik III (695), et à Daghobert III. Il ne releva pas le trône dans le royaume d’Austrasie, qu’il se plaisait déjà à regarder comme le patrimoine de sa famille. Dès lors, exilés dans leur propre palais, les descendants de Khlodowigh ne possédèrent plus de la dignité royale que le costume et quelques vains honneurs de représentation.

Pendant que la nation franke tendait à se reconstituer ainsi dans les Gaules conquises, l’Italie continuait à être le théâtre d’une lutte incessante entre les Lombards et les Grecs. La longue trêve conclue par Agilulfe avec les Exarques, s’était prolongée au delà de trente ans, malgré