DES DIMINVTIFS.
FRANCOIS.
Ce Traicté comme deux autres precedens du Langage & des Metaphores, r’apporte ſon deſſein, à la Deffence de la Poëſie, lequel ſe verra cy-apres en un petit Auant-propos qui la precede.
I Xenocrates ce graue Philoſophe, ne dedaigna
point de rechercher par ſimple paſſe
temps, iuſques à quel nombre de ſyllabes
pouuoit monter l’aſſemblage des lettres de
l’Alphabet, ny Pontanus de faire vn Liure
entier de la ſeule aſpiration, Ah ! pourquoy
mépriſerois-ie de nombrer en l’eſtendue d’vne feuille, les
Diminutifs vſitez en noſtre Langue ? portée que ie ſuis d’vne
neceſſité de les maintenir, par le reſpect de la reputation
de tous les Poëtes excellans de la France, nos tres-honnorez
maiſtres, qui les ont cheris, reſpect auſſi de leur quantité
& de leur ancien & commode vſage, contre aucuns qui
les veulent quereller en nos iours. Ils pretendent que ces
façons de parler ſoient pueriles, & que ces Ouuriers celebres
qu’ils brocardent à plaiſir, ne les ayent employées que
pour ayder & pour aiuſter leurs Rymes : laſches ! qui font
trophée de trouuer ſans ayde vne choſe de ſi facile queſte,
que l’addreſſe de rymer des Vers, & non moins impertinens
eſtimateurs d’vne ayde ſi feible. Car quel grand ſecours
a rencontré Ronſard aux Diminutifs en rymant, luy
qui dans cette foreſt immenſe de ſon Tome, les a faict tomber
cinq ou ſix fois ſeulement en la cadance des rymes ? ou
le Cardinal du Perron, qui parmy la foule de plus de ſix