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mes mémoires

que de la prison, Samuel Genest. Une équipe de politiciens se va substituer à l’équipe des lutteurs.

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Jusqu’où, en pareille occasion et pour des motifs politiques, peuvent se laisser entraîner même de fort braves gens ? Deux incidents me l’ont appris. J’ai dit assez mon estime et ma gratitude pour mon ancien directeur de conscience : l’abbé Sylvio Corbeil. Je n’ai pas à y revenir. Passé au diocèse d’Ottawa, il y est devenu, un peu avant l’époque où nous sommes, principal de l’École Normale de Hull. À chacun de mes voyages aux Archives d’Ottawa, je me fais un devoir de l’aller saluer. Il m’invite d’ordinaire à souper avec lui. J’arrive à l’École pendant la lecture spirituelle qu’il préside. Selon sa consigne, j’entre l’attendre sans façon dans son cabinet de travail. Un soir que j’examine sa bibliothèque, la curiosité, une curiosité d’auteur bien pardonnable, m’entraîne vers le rayon de mes livres dont je lui fais toujours hommage. À ce sujet, je me suis souvent payé une maligne curiosité : m’enquérir si l’heureux bénéficiaire de ces « hommages » — « hommage » d’ordinaire « cordial » — a au moins pris la peine de trancher le livre. J’en ai tant vu, sur les quais de Paris, de ces hommages d’auteurs, même canadiens, adressés à des académiciens, avec les plus chaudes dédicaces, et restés aussi vierges, aussi intouchés qu’à la sortie de l’imprimeur. Je me souviens même d’y avoir acheté, pour cinq sous, et non tranché, l’un des ouvrages de M. Adjutor Rivard, pour lequel, sans doute, notre compatriote avait reçu un accusé de réception des plus chaleureux. Donc j’arrive à ce rayon de mes livres, dans la bibliothèque de mon vieil ami. J’y aperçois mon dernier-né : Dix ans d’Action française. Il est tranché. Mon vieux professeur, me dis-je, me fait donc cette amitié de me lire. Mais je constate que le livre a été expurgé. Il y manque tout un cahier ou tranche. Je regarde à la table des matières : le feuillet enlevé, et selon toute apparence enlevé violemment, n’est autre que mon discours à