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VIE DE DAGOBERT Ier.

une profonde vénération pour les saints ; et, pour dire le vrai, aucun lieu ne fut plus cher ni plus précieux à Dagobert, comme on le vit plus tard par ses actions.

La trente-sixième année du règne de Clotaire[1], mourut la reine Bertrude, mère de Dagobert, que Clotaire avait aimée d’unique amour, et que tous les ducs chérissaient fort, car ils avaient souvent éprouvé sa bonté. Après sa mort, le roi Clotaire prit une autre femme, nommée Sichilde, dont il eut un fils nommé Charibert.

Dagobert croissait en vertu comme en âge, et il donnait par ses actions l’espérance qu’on trouverait en lui un excellent roi. Son père Clotaire avait choisi, pour traiter les affaires sous ses ordres, un certain Sadrégésile, d’une fidélité éprouvée, à ce qu’il croyait, et lui avait confié notamment le duché d’Aquitaine. Celui-ci, enorgueilli d’une si grande dignité, et travaillé soit par cet orgueil, soit par quelque espoir de posséder lui-même le royaume, souffrait impatiemment les heureux progrès de Dagobert fils du roi. Quoiqu’il fît semblant de lui porter beaucoup d’amour, il ne put cacher long-temps ce qu’il méditait. Mais comme, craignant le roi Clotaire, il n’osait laisser éclater tout haut ses sentimens, sa secrète inimitié ne parut d’abord que par ses mépris répétés envers le fils du roi. Il alléguait pour excuse la jeunesse de celui-ci, disant qu’il ne fallait pas qu’un esprit encore inexpérimenté pût devenir insolent par la soumission des grands du royaume, ni que l’exercice d’un pouvoir acquis de trop bonne heure détournât le jeune

  1. En 619.