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VIE DE DAGOBERT Ier.

triomphes de moi, tous les hommes diront que tu as tué ton serviteur Bertoald le païen ; mais si je te tue, alors il y aura un grand bruit chez toutes les nations de ce que le vaillant roi des Francs a été tué par un serviteur. » Mais le roi ne se rendit point à ces paroles, et, frémissant de colère, il s’élançait toujours plus violemment contre lui. Les cavaliers Francs, qui étaient encore bien loin derrière le roi, lui criaient : « Ô roi, soutiens-toi contre ton adversaire. » Les mains du roi étaient grandement fatiguées, car il portait sa cuirasse, et l’eau le pénétrant de toutes parts dans la traversée du fleuve, avait rendu ses habits très-pesans. Cependant, après un long et rude combat, le roi, se lançant sur Bertoald, le frappa à mort. Il plaça sa tête au bout de sa lance, et retourna vers les Francs. Ceux-ci, qui s’affligeaient beaucoup car ils ne savaient pas ce qui était arrivé au roi, se réjouirent fort à sa vue. Le roi ravagea toute la terre des Saxons et tua tout le peuple, sans y laisser vivant aucun homme dont la taille surpassât la longueur de son glaive, qu’on appelle épée. Il voulait que par-là la postérité apprît combien avait été grande la perfidie des Saxons, ce que pouvait la nation des Francs, et à quel point est redoutable la colère des rois.

La quarante-cinquième année de son règne, le grand roi Clotaire mourut[1], et fut enseveli dans le faubourg de Paris, dans l’église de Saint-Vincent[2]. Dagobert apprenant que son père était mort, ordonna à tous les grands qu’il gouvernait en Austrasie de se mettre en marche avec des troupes, et envoya des

  1. En 628.
  2. Depuis l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés.