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VIE DE DAGOBERT Ier.

royal, et se montrant plein de bonté pour les hommes sages, il s’élevait comme un lion contre les factieux, et par la bravoure de son cœur triompha souvent de la férocité des nations étrangères. Il prodiguait largement ses dons aux églises, aux prêtres, aux pauvres et aux pèlerins. S’adonnant assidûment à la chasse et aux exercices virils, il était incomparable pour l’agilité et la force du corps. Accablé par le poids du gouvernement et entraîné par la vivacité de la jeunesse, il fit bien quelques actions répréhensibles selon la religion, et moins sages qu’il n’eût fallu, car nul ne peut être parfait. Cependant il est à croire que tant d’aumônes, et les prières des Saints dont il orna les monumens et enrichit les églises plus qu’aucun des rois ses prédécesseurs, afin de racheter son ame, lui auront sans peine obtenu le pardon du Dieu très-miséricordieux.

La huitième année de son règne[1], comme il parcourait l’Austrasie avec une pompe royale, et fort triste de ne pas avoir un fils pour régner après lui, il fit entrer dans son lit une jeune fille, nommée Ragnetrude, dont il eut cette année même, par la grâce de Dieu, un fils, obtenu à force de prières et d’aumônes. Son frère Charibert, venu à Orléans, tint ce fils sur les fonts de baptême. Lorsque le vénérable Amande, évêque d’Utrecht, donna la bénédiction à cet enfant, et le reçut catéchumène, à la fin de son oraison, personne, dans toute la multitude des assistans, ne répondant amen, le Seigneur ouvrit la bouche de l’enfant qui n’avait pas plus de quarante jours, et il répondit amen, si bien que tous l’entendirent. Le saint

  1. En 629.